I
Tu es seule au matin inerte au ruisseau
Seras-tu là encore gisante et grise
En sens inverse en cheval de retour
Quand ce soir je rentrerai des champs
Je me disais :
Mais où sont passés les outils de mon père ?
La fourche rouillée, oubliée dans la grange neuve ?
Et le tracteur vert ?
Je peux le dire à présent :
Avec le fils Magloar j’ai charrué naguère
Autour des haies taillées
Dans les champs du Verdâtre
Soigneusement dans le vent tourbillonnant
Trop d’air trop de poussière
A ne plus savoir qu’en faire
Au creux d’une vielle souche
Gitait cet animal je chantais :
Broute à l’écume chante à la bête
Allongée dans l’herbe folle
Carcasse sur le côté
Assommée d’un coup
A la base du crâne doré
Entre les cornes usées
Saute le crapaud
Et disparait dans l’eau